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Extraits de Ce que je ne veux pas savoir de Déborah Levy, Editions du sous-sol.

La voix voudrait sortir mais ne peut pas toujours. Parfois elle sort et produit quelque chose de soi, qu’on pensait être tout autre et qui pourtant hélas, sur un mauvais élan, nous révèle au monde …

Extrait 1 :

« Pour devenir écrivaine, j’avais dû apprendre à interrompre, à parler haut, à parler fort, puis bien plus fort, et à revenir simplement à ma propre voix qui ne porte que très peu. »

 

Extrait 2 :

« Viens là copinette, tu vas me faire flipper à toujours reter plantée devant la perruche de manman.  » Melissa m’a entourée la taille de ses bras et m’a souléevée du tais.

« Maintenant, répète après moi, JE PEUX PARLER FORT.

_ Je peux parler fort.

_ PLUS FORT

_Je peux parler fort.

_CE N’EST PAS FORT. je ne te repose pas tant que tu n’as pas crié. »

J’ai tenté un petit cri. il paraissait assez convaincant pour qu’elle me repose.

 

 

Extrait 3 :

La femme nous a vues et a ri sans le vouloir.

« On vient d’emmener son lapin chez le vétérinaire. Il a l’oeil chassieux. »

Son mari a pris une voix haut perchée comme celle de son épouse et a répété ce qu’elle venait juste de dire.

« IL A L’ŒIL CHASSIEUX ! IL A L’OEIL CHASSIEUX ! »

Le rouge est monté aux joues de sa femme et il a recommencé.

On aurait pas du tout dit son épouse. Je me suis demandé qui il croyait imiter. Cette voix aiguë qui jaillissait de lui n’évoquait ni ma mère, ni Maria, ni Melissa, ni moi, ni même la femme qu’elle était censée singer. C’était ça, l’indice. Il ne faisait penser qu’à lui-même.